Une lumière, trop de lumière. Votre regard s'éveille, et c'est douloureux. Refermer les paupières pour cligner une première fois de l'oeil l'est encore plus. La soirée a été rude hier soir, vous en vous souvenez plus de rien. Par contre, une chose que vous savez, c'est que vous n'êtes pas chez vous. Vos draps ne sont pas aussi doux. Alors dans une tentative désespérée, vous tournez la tête.


Vous refoulez ce sentiment infernal dans le plus profond de votre estomac, car une autre émotion prend le dessus. La créature avec qui vous avez passé la nuit est encore là, dans ces draps en soie blanche, tournant le dos à votre présence. La peau est mate, une couleur bronze, chaude, qui vous donne envie de mordre dedans... C'est hypnotique. Vous clignez encore des yeux et tentez de vous redresser, c'est incroyablement pénible, mais l'effort le vaut cent fois. Vous découvrez cette magnifique silhouette : aux vues des mouvements de la couette, vous estimez sa taille au mètre soixante-dix. Environ... Ce n'est à vrai dire pas vraiment votre préoccupation première. Car oui, le corps chaud et scintillant de votre compagne d'un soir, qui se gonfle et s'affaisse à chaque respiration, est plus qu'entêtant. Vous pourriez presque en oublier la déglutition automatique. Mais il ne s'agit pas de saliver sur cette peau divine. Vous approchez de cette nuque nue de tout cheveux. Ces derniers sont cours, d'un noir de jais. Ils ont l'air épais, et très sains. La brosse que forme la chevelure de la nymphe endormie, met en valeur l'angle de sa mâchoire, alors que son visage est doux. Un tableau étrange où les angles ne sont pas pointus, mais juste doux et soyeux. Intuitivement, vous vous êtes rapproché, pour tout observer, et votre souffle a caressé la terre brûlée qui sert de plastique à cette Femme. Il l'a même caressé d'un peu trop près.


Le contour félin émet un grognement matinal, et vous sentez son corps s'éveiller lentement. La lumière rend grâce à ce diamant brut, couleur du caramel, force de caractère du café noir, grâce de la panthère... Vous êtes sous le charme. Puis les joues aux pommettes apparaissent, le trait du contour des yeux également. Une lionne dans un corps de biche, c'est une certitude, tout son corps le respire. Puis, tout votre corps se tend, vous croisez son regard. Ses yeux sont incroyablement profond. Se prunelles sont noires comme du charbon, c'est une nuit étoilée qui s'ouvre à vous. Ils sont incroyablement beaux. Vous vous laissez aller à la contemplation quelques intants, ces longs cils ébènes continuent de dramatiser ce regard encore endormi. Vous sentez un sourire radieux vous accueillir, alors vous baisser les yeux sur ces lèvres pulpeuses, charnues à souhait, et d'une couleur terre brûlée, qui s'étirent pour dévoiler des rangées blanchissimes de dents. Vous avez envie qu'elle morde votre clavicule, ça vous prend, comme ça. Elle est charmante, beaucoup trop pour votre coeur, et votre souffle saccadé. Elle pivote entièrement, ses seins nus et généreux juste ce qu'il faut, émergent de la couette blanche. Votre corps désire le contact avec ces tétons bruns de manière intense. Sa main longiligne et précise vient caresser votre joue, sa peau est brûlante, ardente comme un brasier. Son contact est électrique, tout votre corps est aux aguêts.

C'est rare que mes compagnons d'une nuit restent jusqu'au matin...

Sa voix est douce, chaude, grave... Elle vous berce, votre visage se blottit contre sa main. Vous frissonnez même. Lorsque vous relevez les yeux vers les siens, son visage est déjà plus proche du vôtre, sa main se glisse dans vos doux cheveux... Instinctivement votre regard se perd dans le sien, et se ferme lentement, laissant place à une apothéose d'émotions. Ses lèvres épaisses embrassent les vôtres, c'est doux, c'est chaud, c'est soyeux... Le baiser devient intense, et votre langue est traquée par la sienne, en pointe, dans une danse lancinante.


Lorsque cette Adynaton concernant le ressenti du temps, se stoppa enfin, et que votre corps revint à la réalité, la séparation de vos corps fut rude. Elle sortit de son lit vive et fluide, comme une panthère. Son corps fin et taillé en X était fourni d'épaules larges mais non prohéminentes, d'une taille de guêpe, alors que ses hanches ressortaient de manières rebondies jusqu'à son fessier de rêve... Encore un endroit de son corps que vous aimeriez embrasser, empoigner, mordre... Les cicatrices marquant ses bras, l'intérieur de son mollet droit et la brûlure de sa hanche gauche, ne vous repoussent guère.

Du café ?

Vous acquiescez sans trop savoir à quoi. La bulle éclate, vous sortez du lit brusquement, la faites pivoter avant que sa silhouette ne s'échappe trop loin, et vous plaquez vos lèvres sur les siennes, encore... Et son corps contre le mur réagit au quart de tour, accompagnant votre assaut. Toute la créature devient brûlante comme la braise, tendue contre votre peau, tirant vos cheveux dans la nuque, et griffant le bas de votre dos... La nuit n'est peut-être pas finie, après tout.