Extrait de l'éloge à Illiana, de son amie et camarade Ellana, lors de sa remise de médaille du mérite pour acte héroïque :

Je m’appelle Ellena Matmara et ceci n’est pas mon histoire… Mais celle de quelqu’un que j’admire.

J’ai l’impression d’avoir toujours connu Illiana. Nous sommes rentrées en même temps au centre de formation de l’armée après tout. Deux jeunes recrues, un peu naïves sur les bords, curieux en tout et impatiente d’explorer le monde.
Des rêves d’aventures plein la tête, nous étions toute et tout soudés et volontaire.
Je me souviens qu’elle avait cet étrange mélange d’une présence à la fois taciturne et joviale. C’était assez intriguant à observer. Elle savait attirer tout en gardant cette part mystérieuse. Proche et distante à la fois.

Nous avons progressées ensemble. Chacune a notre vitesse, si je puis dire. Je n’ai jamais fait partie des meilleurs ; en rien. Mais elle, était clairement de ceux-là. Pourtant, elle restait humble et avait même l’air d’avoir une certaine pudeur à ce propos… Et de façon générale également. Je n’ai jamais su pourquoi.

Nous avons poursuivis notre carrière. Les années passaient et nous évoluons vers la fin de notre vingtaine. Nous étions depuis longtemps dans la même escouade et tout se passait pour le mieux : chacune de nous et de nos anciens camarades construisait sa vie, j’avais du mal à me trouver, mais elle allait déjà se marier avec l’homme de ses rêves. Tout allait pour le mieux.
Mais quelques années plus tard, notre petit rêve d’aventure devint un cauchemar.

Nous étions en mission de reconnaissance dans la bordure extérieure de l’Europe. Tout se passait bien. Illiana nous expliquait qu’elle et son mari avaient enfin décidé d’essayer d’avoir un enfant. Une journée normale ; presque banale.
Mais au retour, notre Histelia croisa la route d’un orage magnétique, particulièrement violent. L’IA du vaisseau aurait dû l’éviter, mais il s’avéra plus tard après analyse, qu’elle présentait un défaut dans ses cartographies : une zone blanche dans laquelle elle était aveugle…

Pris par surprise, notre pilote fît de son mieux, mais l’inévitable finit par se produire : un éclair frappa la carlingue, traversant le métal et grillant une partie du système électronique. Nous crûmes pendant un instant que le vaisseau allait cesser de fonctionner, mais il tint bon et nous purent sortir de là.
Tout semblait calme à nouveau. Les respirations, jusque-là coupées, reprirent lentement. Et c’est lorsque tout le monde commença à se détendre, que la causalité se mêla à nouveau de notre destin.
L’éclair avait fait griller certains des systèmes de contrôle de l’énergie. Sans ces systèmes, les régulateurs des batteries sautèrent les uns après les autres et en quelques secondes seulement, une des charges d’Azuris faisant fonctionner le vaisseau commençant à surcharger.

Aucun de nous n’était spécialisé dans le dépannage de cette technologie. Hors, la stabilité de la batterie baissait drastiquement à chaque seconde. Notre pilote tenta immédiatement de nous rapprocher du sol, pour éviter la catastrophe. Mais elle n’y arriverait jamais à temps…

Le sergent responsable de l’opération tenta de débrancher la batterie touchée du reste du réseau, mais se faisant, il prit une décharge d’une telle violence qu’elle l’envoya voler à l’autre bout de l’appareil, sa tête heurtant le métal dans un bruit sinistre.
De plus en plus paniqués, nous regardions le sol se rapprocher avec angoisse. Volant au-dessus d’une forêt en rase-motte, notre pilote cherchait désespérément un lieu pour atterrir, mais les arbres ne semblaient pas vouloir nous laisser profiter d’une seule trouée.
Alors que les crépitements se faisaient de plus en plus intenses et que l’énergie commença à flancher, le vaisseau fût pris de secousses de plus en plus violentes. La distribution énergétique n’était plus correctement effectuée et pouvait lâcher d’un moment à l’autre.
C’est à ce moment qu’Illiana prit mon bras et celui de notre compagnon restant et nous dit de sauter. Nous l’avons d’abord regardée comme si elle était folle et pendant qu’elle ouvrait la porte latérale de l’appareil, elle réitéra : « SAUTEZ ! »
Alors que nous hésitions une seconde de trop, une décharge s’échappa de la batterie, parcourue l’habitacle jusqu’à l’avant du vaisseau et vint toucher la pilote. Elle perdit connaissance et lâcha les commandes. Dans le même instant, Illiana nous poussa tous les deux et la dernière chose que je vis dans ma chute, fût ma camarade foncer vers l’avant… Avant que je heurte la cime des arbres et qu’après une chute ralentis par les innombrables branches, je m’écrase au sol, m’évanouissant.

On me raconta plus tard qu’elle avait récupéré le sergent et la pilote, sans savoir s’ils étaient encore vivant, mais qu’au moment de sauter avec eux, la batterie céda finalement, entrainant les autres avec elle. Un énorme flash lumineux dû à l’énergie relâchée eu lieu dans l’habitacle et sous la douleur de sa rétine brûlée à vif, Illiana lâcha nos deux camarades qui tombèrent dans les arbres… Quelques secondes avant que le vaisseau, dépourvus d’énergie et de pilote, ne vienne s’écraser au milieu de la forêt, Illiana toujours à l’intérieur…

Je me suis réveillée à l’hôpital. J’avais des coupures et des contusions sur tout le corps, une épaule démise et une fracture de la jambe et des côtes. On m’apprit que nous avions étés retrouvés par une équipe de sauvetage grâce au signal de détresse du vaisseau. Mes camarades, qui avaient subi le même saut de la foi, étaient tous dans un état similaire au mien… Et vivant. Nous étions si chanceux…
Mais quelque chose me frappa au creux de l’estomac lorsque je réalisais que les médecins ne m’avaient pas parlé d’Illiana. La voix nouée, je leur demandai si elle s’en était sortie…

« Oh, oui, la miraculée. Elle vient de sortir du bloc. Votre vaisseau à rasé plusieurs kilomètres de forêt et à fini sa course dans un amas de roches métallifères. Ces dernières ont stoppé la course du Histelia. D’après les premiers rapports, les batteries devaient s’être vidées quelques secondes après. »

Il y eu un instant de flottement.

« Concernant votre camarade… L’atterrissage forcé puis le choc contre les roches dures ont grandement endommagé la carlingue… Jusqu’à la déformer. Votre amie s’est retrouvée comprimée à l’intérieur et ses membres ont été broyés. Nous avons tout fait pour les sauver, mais… Il n’y avait plus rien à faire. Nous avons donc dû amputer et procéder à une greffe de membres cybernétiques. Nous avons également dû remplacer ses yeux dont la rétine avait complètement brûlé.
Mais cela étant dit… Elle est sauve. Et grâce à elle semble-t-il, vous aussi. »

Alors que ses derniers mots flottaient dans l’air, je sentis mes joues s’humidifier et des gouttes tomber sur mes bras endoloris. Dieu merci… Elle était en vie…

« Vous avez raison… Elle nous a tous sauvés… »

Mes larmes de joie continuaient à couler en ce jour où Illiana Steelgood devint mon héroïne.
Je ne pouvais pas savoir pourtant, que quelques pièces plus loin, elle-même pleurait la perte de son corps.

Compte rendu d'opération de chirurgie réparatrice robotique sur la personne d'Illiana Steelgood :

Patiente entrée dans un état critique à l'hôpital. Crash d'Aéronef. Membres écrasés/déchirés, globes occulaires brûlés, multiples fractures, coupures, contusions, hémorragies internes, commotion cérébrale.
Douzes heures au bloc. Les docteurs FRANCK, BILOT et moi-même nous sommes relayés.
L'amputation des membres à été nécessaire. Remplacement par quatre prothèses de classe militaire et de qualité standard. < Référence et numéros de série dans les annexes >
Remplacement des yeux par deux prothèses sans modifications. < Référence et numéros de série dans les annexes >
Deux plais aux niveaux des joues dû à une partie du casque. Placement de deux plaquette métallique avec revêtement en chair synthétique intérieur.

Rééducation à prévoir. Possible choc post-traumatique.

Note personnelle : il semble que sa mutation P-1 l'ai aidée à survivre au crash. Il est néanmoins à noter qu'elle semble avoir une volonté de vivre remarquable. En effet, son pronostic vital n'était clairement pas engageant, que ce soit au début ou à la fin de l'opération. Je compte la suivre durant les prochains mois pour m'assurer de son évolution.

Docteur Anne FAROL.
Hôpital Central du District 1.

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