- Bien monsieur Poe. L’état des lieux est fini, je n’ai rien à dire de plus si ce n’est que je suis attristé de vous voir partir.


Howard remit les clefs de l’appartement dans les mains de son propriétaire, du moins de son ancien propriétaire.


- Je n’ai pas le choix. J’aurais aimé rester, mais je suis devenu une cible de choix. Il faut croire qu’il avait raison au final…


- Qui avait raison de quoi ?


- Rien de bien important. Au plaisir.


Howard tourna vite les talons et sortit de son ancien logis vide. Le déménagement avait été rapide, il n’avait que peu d’affaires et il avait fait don de meubles à une association du district 3. De toute manière, le logement qu’il s’était trouvé lui avait été recommandé par Zoola Baker. Il était meublé et plus grand que les autres appartements dans lesquels ils avaient habité auparavant, avec accès proche de la gare, une terrasse sur le toit donnait une vue sur les lumières de Chinatown Bay. Le chauffeur du taxi était en train d’attendre Howard au bas de l’immeuble en fumant une cigarette. À sa vue, il jeta sa clope au sol et marcha dessus pour l’éteindre.


- Nous pouvons y aller monsieur Poe ? J’aimerais ne pas rester plus que nécessaire dans ces rues.


- C’est bon. Vous connaissez l’adresse, dans combien de temps nous arriverons ?


- Dans une dizaine de minutes. Il y a un important trafic aérien aujourd’hui.


Le médecin s’installa à l’arrière et regarda le district 3 s’éloigner. Il fut rapidement incapable de voir où se trouver l’endroit dans lequel il avait passé tant d’années. L'hôpital était quant à lui bien visible. Pour des personnes n’ayant jamais habité dans le district, Howard pouvait imaginer leurs réactions quand ils apprenaient que les locaux de l'hôpital étaient au début une ancienne usine alimentaire désaffectée dans laquelle jouaient les enfants à l’époque. Maintenant, c’était une bâtisse rénovée et lumineuse. Une sorte de phare dans ce milieu abandonné par les grands de la cité. Une des choses qui inquiétaient Howard en s’éloignant autant de son “enfant” était de ne plus être à proximité quand un problème allait survenir et que sa présence allait être obligatoire.


- Du coup monsieur Poe, j’en profite pour vous annoncer que ça sera votre humble serviteur qui sera votre chauffeur à partir de la semaine prochaine. Normalement vous devriez recevoir un mail de l'entreprise avec mon dossier en pièce jointe. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je vous donnerai ma carte personnelle en arrivant.


- Il y a quelque chose que vous pouvez faire jeune homme. Dès à présent.


Howard vit les sourcils de son chauffeur se plisser et sa bouche s’entrouvrir.

- Je… Je vous écoute…


- Évitez de fumer le matin quand vous viendrez me chercher pour m'emmener à l'hôpital et le soir pour me ramener.


- Ah … Désolé monsieur. Je comprendrais si …


Howard se mit à sourire.


- Détendez-vous mon garçon. Je ne vais pas changer de chauffeur pour si peu. Suivez juste les conventions habituelles et cette petite règle et je n’oublierai pas de dire à votre patron que vous êtes un bon élément.


Howard arriva à son nouveau domicile avec un peu de retard. Un embouteillage important était survenu et avait rallongé le trajet. Le médecin en avait profité pour faire plus ample connaissance avec son chauffeur. C’était un jeune homme d’une vingtaine d'années qui s'appelait Mike November. Le taxi déposa Howard devant l’immeuble dans lequel se trouvait son appartement.


- Eh bien ! C’est vraiment différent du quartier dans lequel vous habitiez, il y a encore quelques heures. Vos voisins seront des gens corrects.


- J'imagine que vous ne pouvez pas me déposer directement sur le toit ?


- Vous êtes au dernier étage, c’est ça ? Je suis désolé, le toit de cet immeuble n’est pas équipé de zone d'atterrissage. Je préfère éviter de survoler votre terrasse pour vous y aller, il suffirait d’une maladresse de ma part et vous feriez une belle chute.

- Je prendrais l'ascenseur. Au revoir Mike.


Howard monta les marches et pénétra dans le hall de l’immeuble. Une femme présente derrière un comptoir lui fit signe de s’approcher.


- Monsieur Poe, c’est ça ?


- Exact ?


- Je suis la concierge. Madame Pierce. Un colis pour vous, de la part de madame Zoola Baker, est arrivé un peu plus tôt.


Howard regarda la concierge sortir une boite en métal rectangulaire de son bureau.


- Il me faudrait juste une signature et une confirmation par terminal que vous avez bien réceptionné le colis.


- De quoi s’agit-il ?


- Nous respectons la vie privée de nos locataires. Tout ce que je peux vous assurer, c’est que ce n’est pas dangereux, les vérifications d’usage ont été faites.


- Très bien. Je vous remercie.


- Bienvenue chez nous monsieur Poe.


Howard prit la direction des ascenseurs et appuya sur le bouton du dernier étage. Le trente-cinquième étage de l'immeuble ne disposait que de trois appartements. Howard occupait celui qui était juste devant l’ouverture de l'ascenseur. Avec le colis de Zoola Baker sous le bras, le médecin déverrouilla à l’aide de son terminal la porte et il entra dans ce qu’il allait être son nouveau chez lui.